mercredi 14 décembre 2016

Lecture : Bambi


Impossible en lisant l'oeuvre de Felix Salten, de ne pas avoir en tête les très belles images du film de Walt Disney, les animaux dans la neige et toute la deuxième partie, qui ne comporte pas la mièvrerie de la première.
Mais au fond, cela n'a rien à voir. Ce n'est pas une lecture pour les enfants, et c'est ce qui m'a le plus frappée. On retient nombre de passages inquiétants, où l'Homme, omniprésent, présenté comme une sorte de divinité, effraie les habitants de la forêt qui vivent dans l'angoisse permanente de se faire tuer.
Si l'enfance de Bambi connaît des moments de joie et d'insouciance, le danger n'est jamais loin. Sa mère meurt lors d'une chasse épouvantable où toutes sortes d'animaux sont abattus et gisent sanglants, dans un tableau cauchemardesque.
Le jeune chevreuil, dans son errance au cœur de la forêt - sorte de voyage qui rappelle les méandres de l'inconscient humain - cherche en la figure du père le réconfort à ses angoisses et à acquérir une philosophie qui le protégerait du danger, au prix de toute interaction avec les autres. Bambi, à l'instar de l'Ancien, devient le Prince de la forêt et se mue dans un silence sombre et poétique, ultime défense contre la barbarie.
Certains y ont vu un lien avec la traque des juifs dans les années 1930 en Allemagne et le livre fut brûlé par les Nazis. Mais Salten ne l'avait écrit qu'en 1923, et c'est le gouvernement d'Hitler qui semble avoir donné une dimension symbolique supplémentaire à l'oeuvre, tristement visionnaire.

Le monde animal est recrée avec beaucoup de détails et un grand sens de l'observation. Pourtant, en humanisant les créatures, la frontière entre les deux mondes se brouillent, Bambi chevreuil ou Bambi enfant?
Ce qui a peut être donné l'idée à Walt Disney d'en faire justement l'ami des enfants...

dimanche 23 octobre 2016

Celebrating 25 with Pearl


"And if that's not lovin' me, then all I've got to say, 
God didn't make green apples, 
And it don't rain in Indianapolis in the summertime..."

samedi 24 septembre 2016

samedi 13 août 2016

Favorite TV show opening sequences




Marvel's Daredevil, Netflix, 2015. 


Narcos, Netflix, 2015.


Mad Men, AMC, 2007. 

jeudi 28 juillet 2016

Chéri

Antonio Ambrogio Alciati (1878-1929), the Kiss, 1916


"Chéri reprit son chemin vers la rue, ouvrit la grille et sortit. Sur le trottoir, il boutonna son pardessus pour cacher son linge de la veille. Léa laissa retomber le rideau. Mais elle eut encore le temps de voir que Chéri levait la tête vers le ciel printanier et les marronniers chargés de fleurs, et qu'en marchant il gonflait d'air sa poitrine, comme un évadé". 

Chéri (extrait), Colette, 1920.

dimanche 17 juillet 2016

Nice

Jean Gilletta, Nice, années 1920. 

« Les villes comme Nice jouent un peu dans le monde le rôle des creusets dans le laboratoire : les éléments les plus divers s’y rencontrent, les opinions les plus variées s’y coudoient. Tout cela se mêle, réagit, se combine et les angles disparaissent, les lignes de séparation s’effacent. » écrit Marie-Laetitia Bonaparte-Wyse (1831-1902) dans son guide de la Riviera Nizza la Bella.

Aux victimes, de toutes nationalités, du 14 juillet 2016. 



mardi 7 juin 2016

Fairy tales


'Gevatter Tod / Godfather Death' by the Brothers Grimm, illustrated by Heinrich Lefler. Part of a fairy tale calender published in 1905 by Berger & Wirth, Leipzig.


 'She Put Her Good Steed to the Walls and Leapt Lightly Over Them', by Richard Wilson, illustrated by Frank Cheyne Papé. Part of the Russian Story Book ,1916.

Illustration for the tale ‘Vasilisa the Beautiful’ by Ivan Bilibin,1900.

'Night' by Omar Khayyám, illustrated by Edmund Dulac. Part of the Rubaiyat, 1907.

samedi 30 avril 2016

Roman : Scaramouche

Couverture de la traduction vietnamienne (!) artiste inconnu.  

Rafael Sabatini, à la fois anglais et italien, a rédigé nombre d'aventures haletantes, entre 1910 et 1930, dont la meilleure reste sans doute le Faucon des Mers (1915), une référence parmi les histoires de pirates. Beaucoup de la production de cet auteur, malheureusement très rare en France, a été adaptée à l'écran dès les années 1920, dont... Scaramouche, chef-d'oeuvre de George Sidney en 1952. 
Oui, il s'agit de littérature populaire, voire de romans dédiés à la jeunesse, tout comme Mark Twain écrivait les Aventures d'Huckleberry Finn quelque trente ans plus tôt, pour un public jeune.
Commencer ce livre, c'est un peu comme s'asseoir près d'une cheminée avec un bon chocolat chaud qui nous rappellerait toutes les saveurs de l'enfance. Le héros, fougueux et plein d'esprit, se fait tour à tour avocat, orateur, comédien, maître d'armes, député... et nous immerge dans la petite histoire de la Révolution française. Rien ne manque, les répliques,  les images, les références à l'Histoire mais retenons aussi la variété des personnages : l'ami sacrifié Philippe de Vilmorin, la pure Aline de Gavrillac, le sournois Marquis de la Tour d'Azyr, et la belle et ambiguë Climène. A écrire le nom de ces personnages, c'est un peu comme si je les connaissais. 
Avec le temps, je suis certaine que la valeur de ces romans augmente : de simples divertissements, ils deviennent peu à peu chargés d'une douce poésie, nous renvoyant à une époque où l'imagination - j'aime le XXIe siècle mais en cela, il a beaucoup perdu - avait plus d'importance...
Rafael Sabatini est mort en 1950 et n'aura jamais vu le flamboyant Stewart Granger dans le rôle de Scaramouche deux ans plus tard. 
La tombe de l'écrivain porte en épitaphe la première phrase du roman : Il était né avec le don du rire et la certitude que le monde était fou

vendredi 15 avril 2016

Power of the sea

Anton Otto Fischer, illustrateur américain (1882-1962)

Red sky at morning, 1932. 

Scribner's, "Man Overboard", 1911.

Scribner's, "Running The East'ard Down. Homeward Bound Off Cape Horn" 1911. 

vendredi 18 mars 2016

Magic in and out

Maison de poupée de Beatrix Potter, 1904. 


"... et voilà, on avait sous les yeux tout à la fois le salon, la salle à manger, la cuisine et les deux chambres. C'est comme ça, qu'une maison doit s'ouvrir! Pourquoi toutes les maisons ne s'ouvrent-elles pas ainsi? Cent fois plus palpitant que de plonger son regard, par l’entrebâillement d'une porte, dans un méchant petit vestibule avec un porte-chapeaux et deux parapluies! Voilà, n'est-ce-pas, ce que vous mourrez d'envie de savoir sur une maison, à l'instant où vous posez votre main sur le heurtoir? C'est peut-être ainsi que Dieu ouvre les maisons, au cœur de la nuit, quand il fait un tour, tranquillement, en compagnie d'un ange..."

Katherine Mansfield, La Maison de poupée, 1921. 


samedi 5 mars 2016

L'affiche de cinéma

Midnight in Paris, 2011.

Black Swan, 2010.

The Pianist, 2002.

Man of Steel, 2013.

Festival de Cannes, 2005.

dimanche 28 février 2016

Merry twenties

Mae Murray, La Veuve Joyeuse, E. Von Stroheim, 1925.

Je ne l'ai jamais vue dans un film - mais c'est justement ce qui lui confère tout son mystère, à mes yeux. Comme bon nombre de ses contemporaines photographiées avec autant d'ombre et de lumière, il s'agit à peine d'une femme mais plutôt d'une créature, évanescente, du fait de sa blondeur, de cette peau d'albâtre, une vraie Angélique, capturée par un objectif. Et en regardant ces clichés, ces visages si lointains, j'ai toujours beaucoup de mal à imaginer que ces acteurs vivaient, que leur peau était rose et qu'ils pouvaient parler. 

dimanche 21 février 2016

Symbolisme

La Vierge aux Colombes, Carlos Schwabe (date inconnue)

Une charogne, Gustav Adolf Mossa, 1906.

I lock the door upon myself, Fernand Khnopff, 1891. 

samedi 20 février 2016

vendredi 12 février 2016

Celebrating

Les 29 ans de Sammy Davis Jr sur Evanview Drive, LA, le 8 décembre 1954. 
Tony and Marilyn, among other guests...

samedi 6 février 2016

Wonderful Pearl Bailey


On ne s'en lasse pas : dans cette version réjouissante de "Mack the Knife" lors du Dinah Shore Show, Pearl nous montre tout son talent, avec ô combien d'aisance! - Dinah fidèle à elle-même, tente comme elle le peut de suivre sa fougueuse partenaire. Toute cette bonne humeur est plutôt communicative. Méconnue Pearl Bailey, pourtant exceptionnelle! 

Far from Heaven


Un très bel hommage de Todd Haynes à "All That Heaven Allows" de Douglas Sirk qui parvient pourtant à s'imposer par lui-même. Tous les interdits qu'on ne pouvait évoquer à Hollywood dans les années 1950 refont ici surface (homosexualité, relations entre blancs et noirs). Julianne Moore, très digne, parvient à nous arracher quelques larmes. Mais pour moi, l'acteur du film, c'est Dennis Haysbert, car comme elle le dit si bien à un moment particulièrement crucial, "you are so beautiful...". Comment introduire aujourd'hui, en 2016, une belle histoire entre deux êtres, impossible, rongée par une société tyrannique? Si notre époque laisse les individus plus libres, elle n'inspire plus les cinéastes qui doivent puiser dans d'autres temps pour faire survivre le film d'amour ou encore le drame. Le thème musical et les décors, ce Connecticut flamboyant, font beaucoup pour la splendeur de l'ensemble. Il reste à savoir si son nouveau film "Carol", en salle actuellement, qui se déroule à la même époque et met en scène une relation entre deux femmes est aussi fort que celui-ci...

Harlow

Photo rejetée par le département de publicité MGM. "She was showing too much cleavage". 
D. Rooney and M. A. Vieira, Harlow in Hollywood

samedi 9 janvier 2016

Plénitude

Madame Gautreau portant un toast, John Singer Sargent, 1883. 
(et bonne année 2016!)

Mais j'ai parfois pensé que la nature d'une femme est comme une grande maison pleine de pièces : il y a le hall, dans lequel tout le monde passe en tous sens ; le salon, où l'on reçoit les visites officielles ; la salle à manger, où les membres de la famille vont et viennent à leur guise ; mais au-delà, bien au-delà, il y a d'autres pièces, dont on ne pousse peut être jamais les portes, dont personne ne connaît le chemin, dont on ne sait où elles mènent, et dans la pièce la plus retirée, dans le saint des saints, l'âme se tient assise, seule, guettant le pas de quelqu'un qui ne vient jamais. 

Edith Wharton, La plénitude de la vie (extrait),1893.