dimanche 25 septembre 2011

carnet de voyage: Fontainebleau




  Nous marchons lentement en humant la fraîcheur du matin ; le jardin du château appelé « à la française » se déroule à nos pieds dans la lumière blanche de ce début de journée. Il ne fait pas encore chaud. Le murmure de la fontaine, notre isolement - personne autour de nous  - me fait ressentir le plein éclat de ma jeunesse, sa primeur transportée dans l’air frais se déposant sur mes lèvres. Ces premières heures du jour paraissent réfléchir mes jeunes années et leur immortalité : fixées à jamais dans ma mémoire de mortelle, elles m’enivrent et je n’oublierai pas cet instant.
 Nous évoquons, assis sur un banc, la question de l’illustration se positionnant comme art… L’est-ce ? Au loin, se découpe l’étang, devant le château et je regrette de ne pouvoir me laisser flotter dans une barque en observant les cygnes… Mais c’est dimanche, le batelier ne travaille pas.

  Plus tard, nous visitons les grands appartements. M… peste contre les dorures qui jaillissent de chaque pan de mur et le velours de mauvais goût des fauteuils. Oui, ces pièces sont richement meublées, décorées (de belles peintures d’ailleurs, petits plafonds de Boucher et fresques du XVIe siècle) mais quel manque d’élégance, d’harmonie. Je me rappelle Versailles et plusieurs images défilent dans ma tête, le salon de Mars, la chambre de la Reine, d’un bleu délicat, de sublime raffiné. Ici, plusieurs époques se côtoient, le résultat n’est pas loin de l’ameublement de certaines préfectures de province. Je reconnais que le château m’a moins marquée que son jardin. Nous ressortons, un peu étourdis par tout ce luxe aux mille détails. 
 Notre regard ne se repose, en sortant, que sur les contours réguliers et simples du jardin à l’anglaise. Près de l’étang, je tente de faire un croquis de la rive opposée ; des Italiens agités veulent nourrir les cygnes. Le pavillon, sur l’eau, luit au milieu des canards et je me demande ce qu’il contient.
  Pour le déjeuner, nous nous rendons dans le centre ville déguster de la cuisine italienne : salades de chèvre chaud pour moi, calzone pour M…, café gourmand et coupe Amarena, nous ne sommes plus en France ! Nous quittons la table une heure plus tard, décidés à nous promener dans la fameuse forêt. Je ne pense pas que ce soit la vraie que nous ayons trouvée. A côté d’une route nationale, nous tentons de nous éloigner à travers le tapis de feuilles et de bois mort, pour oublier le bruit des voitures. En vain. Assis sur des rochers recouverts d’une mousse douillette, j’essaye un nouveau croquis. Le craquement des branches en ce mois d’automne me fait sursauter ! Je crois voir des sangliers partout ! Mais il est temps de partir, hélas et de retourner à Paris. Je jette un regard mélancolique au cadre environnant : le ciel exceptionnellement bleu apparaît dans l’eau des divers étangs où les gens se prélassent sur les berges. Nous revenons à l’hôtel, récupérons notre bagage et je songe à demain, la vie reprend son cours…