Couverture de la traduction vietnamienne (!) artiste inconnu.
Rafael Sabatini, à la fois anglais et italien, a rédigé nombre d'aventures haletantes, entre 1910 et 1930, dont la meilleure reste sans doute le Faucon des Mers (1915), une référence parmi les histoires de pirates. Beaucoup de la production de cet auteur, malheureusement très rare en France, a été adaptée à l'écran dès les années 1920, dont... Scaramouche, chef-d'oeuvre de George Sidney en 1952.
Oui, il s'agit de littérature populaire, voire de romans dédiés à la jeunesse, tout comme Mark Twain écrivait les Aventures d'Huckleberry Finn quelque trente ans plus tôt, pour un public jeune.
Commencer ce livre, c'est un peu comme s'asseoir près d'une cheminée avec un bon chocolat chaud qui nous rappellerait toutes les saveurs de l'enfance. Le héros, fougueux et plein d'esprit, se fait tour à tour avocat, orateur, comédien, maître d'armes, député... et nous immerge dans la petite histoire de la Révolution française. Rien ne manque, les répliques, les images, les références à l'Histoire mais retenons aussi la variété des personnages : l'ami sacrifié Philippe de Vilmorin, la pure Aline de Gavrillac, le sournois Marquis de la Tour d'Azyr, et la belle et ambiguë Climène. A écrire le nom de ces personnages, c'est un peu comme si je les connaissais.
Avec le temps, je suis certaine que la valeur de ces romans augmente : de simples divertissements, ils deviennent peu à peu chargés d'une douce poésie, nous renvoyant à une époque où l'imagination - j'aime le XXIe siècle mais en cela, il a beaucoup perdu - avait plus d'importance...
Rafael Sabatini est mort en 1950 et n'aura jamais vu le flamboyant Stewart Granger dans le rôle de Scaramouche deux ans plus tard.
La tombe de l'écrivain porte en épitaphe la première phrase du roman : Il était né avec le don du rire et la certitude que le monde était fou.