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samedi 19 mars 2011

Musée: croquis à Orsay





                                                                   La Nature se dévoilant à la Science, E. Barrias, 1889

  Cet après midi, je me suis lentement promenée parmi les sculptures du deuxième étage du musée d’Orsay, en quête d’un modèle pour un croquis. 
  Après avoir remarqué quelques figures de Rodin et aperçu les visages languissants des peintures préraphaélites (exposition Une Ballade d'amour et de mort photographie préraphaélite en Grande-Bretagne 1848-1875) que j’irai visiter avec plus d’attention une autre fois, je me suis rendue dans l’autre aile où trônait cette œuvre splendide d’Ernest Barrias : La Nature se dévoilant à la Science. Je ne m’étais pas trompée, en la trouvant fascinante et en quelques heures, j’ai pu constater que les visiteurs venaient, intrigués, se presser à ses pieds.
  J’avais trouvé mon modèle. C’est sans doute en dessinant une œuvre qu’on la détaille le plus parfaitement : on s’attache à toutes les caractéristiques de la statue que notre main maladroite ne fait que recopier. 
 Le mélange de marbre rouge pour le motif de la robe et d’onyx pour le voile blond encadrant la figure, nous découvre une mince jeune fille au geste pudique dévoilant son buste et son visage légèrement inquiétant. Le résultat est saisissant et envoûtant, le mouvement d’un naturel parfait jusqu’à la pointe du vêtement qui s’échappe du socle. La grâce de cette statue me fait penser à la très belle Léda de James Pradier au Musée d’Art et d’Histoire à Genève.   De la même manière, l’artiste utilise différents matériaux à savoir le bronze, l’ivoire, la turquoise afin d’introduire une dimension presque réaliste et certainement magique à son œuvre.
  Mais la réflexion que je me suis faite sur le moment, c’est surtout que les statues ne veulent rien dire sur une photographie. Si, aujourd’hui, internet nous offre deux cent photos de peintures connues et délaissées, avec zoom pour distinguer tous les détails (finalement, on les voit même mieux qu’au musée) les statues elles, ont décidément besoin d’un cadre et d’être vues en vrai, sous tous les angles pour ne pas perdre de leur puissance… Quoi, de plus intéressant pour un dessin ?


                                            Léda et le Cygne, J. Pradier, 1850

lundi 3 janvier 2011

Musée: excursion à Orsay


                                                               Nègre du Soudan, C. Cordier


Il s’agissait presque d’une aventure ! Une bonne partie de la population européenne avait dû se réunir ce jour là à Paris et avec ma naïveté toute provinciale, je n’imaginais pas me battre pour apercevoir un tableau… Donc, inutile de dire que beaucoup d’œuvres étaient complètement voilées par la foule et que bien sûr, les plus célèbres ne laissaient entrevoir qu’un maigre coin de toile, trop indigeste pour pouvoir en apprécier tout le talent… C’est ainsi que pour distinguer le déjeuner sur l’herbe de Manet ou encore l’Eglise d’Auvers sur Oise  de Van Gogh, il fallait se hisser sur la pointe des pieds et garder une patience d’ange. My mistake, comme disent les Anglais, j’y retournerai un jour plus calme. 
  Il faut donc l’admettre, légèrement déçue des conditions de ma première véritable visite du musée d’Orsay (première, en exceptant l’exposition sur L. Gérôme), je me contentai d’errer parmi les sculptures de la grande galerie, étrangement délaissées par les touristes épuisés, assis sur les balustrades et ne remarquant pas même, dans le tournoiement des merveilles, les chefs d’œuvres de marbres étalées devant eux. J’aperçus les bronzes de Carpeaux et ses émouvantes esquisses en terre cuite, les membres blancs des femmes Grecques de Pradier …
  Mais surtout, et c’est ce que je retiendrai de cette visite ci, cette noble figure d’Afrique, intitulée Nègre du Soudan, de Charles Cordier, parmi deux autres (ô combien tranquilles au milieu de la cohue !), tout aussi remarquables. L’utilisation du marbre d’onyx – aux reflets des pays chauds - permet déjà la distinction de ce buste par rapport aux autres qui parsèment la nef. Mais c’est surtout cette noblesse des traits - ces lèvres si vraies, si sensuelles, ces yeux presque inquiets dans leur dignité solitaire - cette noblesse, dis je, transparente à travers le bronze, qui frappe le visiteur et l’intrigue. 
 Qui fut le modèle? Et notre esprit s’enflamme, s’éloigne pour des terres chatoyantes, des histoires de princes à l’ombre des oasis, d’esclaves rêveuses s’enfuyant dans la nuit, enveloppés d’une musique envoûtante. 
 Plus simplement, mais non sans quelque magie, le sculpteur semble être tombé sous le charme de ce joueur de tam tam, à Alger dans les années 1850. Il le fit poser et créa cette œuvre immortelle, intemporelle, célébrant la finesse d’un visage un peu farouche dans l’aspect du sourcil, un peu mélancolique et fatigué comme le montrent ses cernes, cette peau qui palpite sous le bronze glacé. 
 Et à travers la beauté d’un homme (disparu depuis plus d'un siècle), il représenta celle d’un peuple, d’un continent tout entier, méconnu par sa différence. Qu’est que cela montre ? La curiosité de l’artiste comme moyen de faire perdurer la beauté humaine, peut-être…